Le sentiment de vide 

Publié le par Neptune

 

             Le sentiment de vide: par John Bradshaw          13 juin 2011

 

  Extrait de « Retrouver l'enfant en soi » par John Bradshaw, page 56

 

« L'enfant intérieur blessé contamine également la vie de l'adulte par une déprime chronique qui est ressentie comme un sentiment de vide. Ce genre de dépression est dû au fait que le sujet a été obligé, durant son enfance, d’adopter un faux moi:  et de laisser son vrai moi derrière lui : cet abandon du vrai moi crée inévitablement un vide intérieur que j'ai baptisé « le phénomène du trou dans l'âme ». Lorsqu'une personne perd ainsi son moi authentique, elle n'est plus en contact avec ses vrais sentiments, ses besoins et ses désirs. Ce qu'elle éprouve à la place, ce sont les sentiments et les exigences du faux moi, qui la conduiront, par exemple, à « être gentille », une des attitudes typiques du faux moi. Une « gentille femme » n'exprime jamais ni sa colère ni ses frustrations.

Vivre avec un faux moi équivaut à faire du théâtre. Une représentation pendant laquelle le vrai moi de la personne n'est à aucun moment présent. Une cliente en voie de guérison m'a un jour décrit cela de la manière suivante : « C'est comme si je me tenais à l'écart en me contentant de regarder passer la vie. »

Le fait de se sentir vide (1) constitue une forme de dépression chronique (2) puisque l'on ressent constamment la perte de son vrai moi. Tous les adultes-enfants éprouvent cette déprime chronique plus ou moins intensément. »

  John Bradshaw

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    En bleu, c’est moi qui commente (revu et corrigé le 18 décembre 2016)

(1) Ce qui crée la  sensation de vide c’est le fait de ne pas être rattaché affectivement à la mère. La sensation du vide c’est ce qui est ressenti lorsque le lien affectif primaire  est inexistant et que l’espoir de créer ce lien a été anéanti, suite à un constat de rejet ou d’abandon.

      (2)   Ce qui provoque cette dépression, c’est l’absence du lien affectif qui raccroche à la vie (ou à la mère), concrétisée par ce qui est à la fois un sentiment et une croyance de ne pas être aimé; et qui, finalement, fait que je ne suis pas  libre d’être, ni d’exprimer ce que je suis réellement.

 

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Je reprends ici le même texte, avec mes  annotations en bleu.Si vous ne lisez que les mots en noir, vous lirez le texte original.

« L'enfant intérieur blessé (par le rejet, l’abandon, la violence, etc.) contamine également la vie de l'adulte par une déprime chronique (déprime causée par la coupure affective due à la fois à un sentiment et à une croyance de se savoir non aimé ni accueilli et due au fait que je ne peux pas être réellement ce que je suis)  qui est ressentie comme étant un vide (la « coupure affective » , d’avec la mère d’abord, puis d’avec les autres). Ce genre de dépression (tristesse) est dû au fait que le sujet a été obligé, durant son enfance, d’adopter un faux moi (1): (je dirais plutôt que cette dépression est l’expression de la coupure affective, de la tristesse de se voir non accueilli, non aimé et de ne pas pouvoir être soi réellement) et de laisser son vrai moi derrière lui : cet abandon du vrai moi ( ou ce fait de  ne pas pouvoir être ce qu’il est réellement)  crée inévitablement un vide intérieur (2) que j'ai baptisé « le phénomène du trou dans l'âme». Lorsqu'une personne perd ainsi son moi authentique, elle n'est plus  en contact avec ses vrais sentiments, ses besoins et ses désirs. Ce qu'elle éprouve à la place, ce sont les sentiments et les exigences du faux moi, ( qui sont en fin de compte les exigences des autres, soit le père ou la mère, et les autres) qui la conduiront, par exemple, à « être gentille », une des attitudes typiques du faux moi. Une « gentille femme » n'exprime jamais ni sa colère ni ses frustrations.

Vivre avec un faux moi équivaut à faire du théâtre. Une représentation pendant laquelle le vrai moi de la personne n'est à aucun moment présent. Une cliente en voie de guérison m'a un jour décrit cela de la manière suivante : « C'est comme si je me tenais à l'écart en me contentant de regarder passer la vie. »

Le fait de se sentir vide (2), le fait de ne pas se sentir  rattaché affectivement constitue donne naissance à une tristesse, une forme de dépression chronique (3) , puisque l'on ressent constamment la coupure affective d’avec l’autre et l’impossibilité d’être soi réellement la perte de son vrai moi. Tous les adultes-enfants éprouvent cette déprime chronique plus ou moins intensément. »

 

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(1)  Le fait de me voir ou de me croire rejeté, délaissé ou abandonné me pousse à me retirer ou déclenche chez moi des tentatives d’adaptations, des efforts pour me conformer aux attentes des autres et, finalement, fait que je souffre de ne pas me sentir « libre d’être »  ce que je suis réellement.

(2)   Ce qui crée la  sensation de vide c’est le fait de ne pas être rattaché affectivement, c’est le fait d’une coupure affective d’avec l’autre, en réaction à un constat de rejet ou d’abandon.

      (3)   Ce qui produit cette dépression c’est la coupure affective d’avec l’autre, matérialisée dans ce qui est à la fois un sentiment et une croyance de ne pas être aimé qui à leur tour  fait que je ne peux pas être ni exprimer réellement ce que je suis.

 

        

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Les causes du sentiment de vide et des troubles de l'attachement

 

Brigitte Asselineau

Christiane Perreau

Il arrive parfois, lorsque les parents n’ont pas été suffisamment disponibles pour l’enfant,  de façon continue ou discontinue, que l’enfant n’ait pas pu s’attacher ni au père ni à la mère, et plus l’enfant est jeune, plus le manque de relation entre la mère et l’enfant aura pu être traumatisant.

L’adulte qui dit se sentir vide est un adulte qui, lorsqu’il était enfant, n’a pas eu la chance de créer de vrais liens avec son parent. Ces personnes se sentent vide et certaines arrivent même à penser que l’existence en général, pas seulement la leur, est vide et que la vie n’a pas de sens. Ces adultes ne se sentent rattachées à rien, ni à personne. Ils sont effectivement dans le vide, absents, et se retire ordinairement de la vie sociale.

La sensation de vide qui nous habite ou nous entourent et aussi parfois ces impressions de tomber comme dans un puits sans fond, sont des signes d’une coupure du lien de confiance qui normalement nous relie à l’autre ou à la sensation de vivre. La coupure du lien de confiance génère de grandes difficultés relationnelles dans la vie d’adulte et perturbe gravement la vie affective. Lorsque le lien de confiance qui normalement relie l’enfant et le parent n’a pas pu être établi ou pas assez solidement, le pont affectif qui normalement rend aisé la relation avec l’autre (« et donc avec la vie »  en général) devient déficient ou inexistant. Sans ce lien de confiance affectif qui relie à l’autre, distancé donc de l’autre, ainsi que de son environnement social (et envahi plutôt par un sentiment de rejet ou d’abandon), il apparaît alors une impression de vide intérieur, ou une impression que tout n’est que vide autour de soi, et tout cela baignant dans une continuelle atmosphère de tristesse.                                                                                                         Des efforts seront faits pour tenter de combler ce vide, ou du moins pour tenter de le masquer, mais ce sera en vain. Toute leur vie ils essaieront d’obtenir la permission d’être eux-mêmes et pour cela ils essaieront de jouer le jeu auquel on a toujours voulu les voir jouer. D’autres essaieront d’oublier leur mal-être en se plongeant dans le travail. Certains deviendront boulimiques ou s’adonneront à la cigarette ou auront recours à l’alcool ou aux drogues. Incapables de créer de véritables liens, ils sont incapables de s’investir véritablement dans des relations amicales ou amoureuses. Ils ne réussiront donc pas à combler leur vide et, condamner à chercher sans cesse, ils finiront donc souvent par s’empêtrer dans des comportements addictifs.

Pour ne pas être confrontés à leur sentiment de vide, ils pourront aussi entrer dans des relations non senties ou maintenir des relations même si elles leur sont néfastes ou tout à fait insatisfaisantes. N’ayant pu établir des liens de confiance avec l'autre dans leur prime enfance, ils sont incapables, rendus à l'âge adulte, de faire confiance à l'autre et d’entrer en relation vraie avec l’autre. Ils pourront peut-être, à l’occasion, se laisser aimer, mais sans jamais vraiment croire en cet amour et ne seront jamais vraiment  capable de se laisser aller à aimer.

D’autres, encore, construise un monde imaginaire qui les met hors réalité, et certaines démarches spirituelles ne sont que des tentatives pour compenser ces manques et pour trouver une nouvelle famille, un père dans l’absolu. Certaines femmes auront beaucoup d’enfants pour essayer d’échapper à cette sensation de vide. Elles se sentiront remplies pendant leurs grossesses et rempliront aussi leur maison avec une famille nombreuse. Elles pourront ainsi, du moins le croient-elles, combler le vide intérieur qui les habite et le vide de leur entourage. Et la catastrophe se produit bien souvent lorsque les enfants quittent la maison et laissent à nouveau ces personnes face à elle-même et à leur ombre.

Bien évidemment, toutes ces tentatives plus ou moins conscientes sont vaines. Le vide sera toujours là peu importe ce qu’ils tenteront pour lui échapper.

 

Il y a des quantités de raisons qui font qu’un enfant n’a pas pu tisser les liens rassurants dont il avait  besoin. Dans les premières années de leur existence, certains enfants doivent faire face à des incidents familiaux comme la dépression d’un parent, la séparation, la confusion ou encore la maladie physique ou mentale des parents. D’autres subissent de lourds traumatismes comme l’abandon, la folie familiale, le suicide d’un parent, la maltraitance et l’inceste. Dans tous les cas, cela va laisser de grandes plaies qui vont engendrer une première réaction de rejet des parents et souvent l’impossibilité d’appartenir à sa famille puis, pour les adultes qu’ils sont devenus, une grande difficulté à se sentir en lien avec les autres.

 

Ces problèmes ont souvent commencé très tôt dès la naissance si l’enfant n’a pu rencontrer le regard accueillant et chaleureux de sa mère ou d’une personne profondément touchée par sa venue. Spontanément, le bébé cherche le regard de l’autre qui le confirme dans son existence. Il a besoin de sentir dans ce regard bienveillant, mais aussi à travers le contact physique de sa mère qu’il est en lien avec elle et qu’il est en sécurité.

L’enfant a besoin de sentir ce lien profond qui l’unit à sa mère dans les premiers jours de sa vie, mais aussi tout au long de son développement affectif. Cet attachement est un besoin de base nécessaire à l’enfant et lui apportera le sentiment de sécurité dont il a besoin. Si cet attachement a été impossible dans l’enfance ou insécurisant, anxiogène, voire toxique, il sera extrêmement difficile pour cet enfant de s’attacher, par la suite, à quelqu’un d’autre. Incapable de gérer une telle situation de détresse émotionnelle, l’enfant plongera dans un abîme de solitude, souvent cause d’un profond désespoir. Il sera confronté à une détresse psychique qu’il interprétera comme étant un vide en lui. Par la suite, pour ne plus risquer de revivre une situation aussi douloureuse, il évitera tout attachement vrai et freinera le mouvement naturel qui le pousse à entrer en relation avec les autres.

 

http://mahea69.canalblog.com/archives/2014/01/14/28947913.html

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« On ne guérit pas d'une mère qui ne vous aime pas. Ça creuse un grand trou dans le cœur et il en faut de l'amour et de l'amour pour le remplir ! On n'en a jamais assez, on doute toujours de soi, on se dit qu'on n'est pas aimable, qu'on ne vaut tripette. »

Katherine Pancol

QQ Citations - http://qqcitations.com/auteur/katherine-pancol

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Neptune: Il n’y a pas très longtemps encore je ne comprenais pas ce que signifiait cette expression : « sentiment de vide ». C’est peut-être qu’ayant connu très tôt la tristesse d’un rejet ou d’un abandon (d’où absence d’un lien affectif), c’est « la tristesse »  du sentiment de vide que je devais ressentir, plutôt que la sensation de vide.

Le sentiment de vide serait dû, finalement, à la coupure affective (l’absence de liens affectifs).

Quand j’étais dans la vingtaine, je me rappelle qu’à un moment donné je disais avoir l’impression de n’être rien, et cela je le sais maintenant, à cause de la coupure affective.

Ayant  été mal accueilli je n’ai pas pu créer de vrais liens affectifs (qui m’auraient permis de prendre conscience que je faisais partie d’une famille, ce  qui m’aurait sécurisé) et je n’ai pas pu apprendre à m’ouvrir, ni à me présenter, ce qui fait que je n’ai pas pu  apprendre à m’apprécier. Sans connexions affectives j’étais donc coupé affectivement des autres; d’où le sentiment d’être vide ou de n’être rien.

 

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Si Sentiment de vide vous a intéressé, je vous invite à voir ces quatres autres pages.

_ La psychanalyse est-elle une science

http://sos.nevrose.over-blog.com/article-le-crepuscule-d-une-idole_la-psychanalyse-est-elle-une-science-120345489.html

 

_ Une oeuvre scientifique

http://sos.nevrose.over-blog.com/2014/06/une-oeuvre-scientifique.html

 

Abandonnisme et Trouble de l’attachement

http://sos.nevrose.over-blog.com/article-l-abandonnisme-113018615.html

 

_ Pour en finir avec la dépendance affective

http://sos.nevrose.over-blog.com/2014/01/pour-en-finir-avec-la-dépendance-affective.html

 

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Léo Ferré - Ô triste, triste était mon âme ( Verlaine)

 

Ô triste, triste était mon âme

A cause, à cause d'une femme.

 

Je ne me suis pas consolé

Bien que mon coeur s'en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme

Eussent fui loin de cette femme.

 

Je ne me suis pas consolé,

Bien que mon coeur s'en soit allé.

Et mon coeur, mon coeur trop sensible

Dit à mon âme : Est-il possible,

 

Est-il possible, - le fût-il,

Ce fier exil, ce triste exil ?

 

Mon âme dit à mon coeur : Sais-je,

Moi-même, que nous veut ce piège

D'être présents bien qu'exilés

Encore que loin en allés ?

https://www.youtube.com/watch?list=PLABBD1E77D6282903&v=JednOHRZMdY

 

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